RADIO Les enjeux économiques de l’année
Comme nous vous l’avons déjà
expliqué dans nos publications, les déclarations d’une part du Président de la République sur sa
volonté de voir supprimée la publicité sur l’audiovisuel public, et, d’autre
part de Rachid Arhab (membre du CSA) sur le lancement programmé avant la mi-deux mille huit
des appels à candidature pour la radio numérique, nous oblige à revenir sur les
enjeux économiques puissants dans lesquels vont être pris nos radios dés la fin
de cette année.
I - Numérique une situation où les questions techniques sont devenues
secondaires :
Pendant longtemps nos
organisations se sont demandées s’il fallait ou non aller sur le nouveau
support de la diffusion numérique. Réservé aux plus riches opérateurs les
expérimentations des années 90 nous encourageaient à attendre. L’évolution des
techniques, le lancement réussi de la
TNT, l’appétit de groupes médias désirant jouer les nouveaux
entrants sur le secteur de la radio et finalement la réalité d’une
imminente convergence dans le domaine des télécoms et des médias vers la « mobilité », dans un domaine qui semblait réservé à nos seules supports
dédiés, tout cela totalement changé la donne. Les
événements se sont-ils considérablement accélérés durant les 12 derniers mois.
Une norme de diffusion a été choisie par le gouvernement, des conditions
d’appels à candidature, des plans de fréquences spécifique aux types
de fréquences nouvellement exploitées sont sur le point d’être révélés par le
CSA. Si nous avons été unanime à critiquer la rapidité voire la précipitation
avec laquelle ces opérations se déroulent, chacun doit bien être conscient que
pour la première fois de l'histoire radiophonique, la course enclanchée
semble ne pas avoir pour seul but de distancer nos radios associatives.
L’ensemble des acteurs actuels de la radio est désormais en compétition avec
les opérateurs des télécoms, d’internet et de la télévision pour rafler les
« fréquences numériques » dont chacun sait que l’usage ne pourrait
être que radiophonique. La compétition ne s’arrête pas là. Même si
les bande 3 et L finissaient bien par être réservées à la radio, il
est certain que d’important groupe médias souhaitent prendre des
positions significatives sur ce nouvel espace d’expression pour nous, de commerce pour
eux. Les groupes Bouygues et Bolloré semblent bien tous les
deux préparer des projets de radios numériques.
Dans ces conditions, la
question de la norme devient, secondaire. La seule question à laquelle nos
radios associatives doivent désormais répondre est : comment nos radios vont-elles pouvoir obtenir et financer des fréquences en numérique dés
les premiers appels à candidature ?
Si nous n’arrivons pas à
répondre à cette question, nul doute que les fréquences seront distribuées à
d’autres et ne pourront donc plus être,
par définition, attribuées à nos radios.
Pour
nos radios, dont les
contenus sont souvent foisonnants, la réponse à cette question ne va
pas être uniquement notre capacité à faire émerger des projets
originaux,
mais notre capacité à cerner le coût réel de la
migration numérique pour nos associations (tant en terme de diffusion qu'en terme de nouveaux coûts de
production), et trouver les financements nous permettant d’assumer ces
nouvelles charges.
I – a) Sur le coût de la migration numérique :
Il faut
souligner qu'elle reste encore extrêmement difficile à chiffrer. Sur ce
sujet, les habituels opérateurs techniques de notre secteur (TDF,
TOWERCAST, VDL) sont restés silencieux ou évasifs en se limitant à la
fourniture d’estimations relatives. Ainsi, le chiffrage du coût de diffusion d’une radio FM sur une ville moyenne est passé au
gré des entretiens, d'un coût identique à la FM à un coût inférieur d’un demi à un tiers.
Concernant
le coût de la production, nous avons
jusqu’à présent été bien peu nombreux à travailler sur le sujet. Aujourd’hui,
certaines fédérations de la CNRA comme la FFRC, travaillent sur le sujet. Dans tous les cas on a du mal à imaginer que la
numérisation de nos contenus ne nécessitera pas d’emplois supplémentaires et, par
conséquent, des augmentations de la masse salariale.
Concrètement, pour une ville de
plus de cent mille habitants une émission correcte en FM sans option particulières,
coûte entre 18 000 E et 25 000 E par an.
L’émission numérique des
600 radios associatives pourrait coûter entre 3 600 000 € et 15 000 000
€ et, omme on le constate, la fourchette est énorme.
En terme, de production, il est
difficile d’imaginer qu’il ne soit pas nécessaire a minima de procéder à
l’embauche d’un salarié (il faudra investir, acheter des licences de logiciels,
créer de nouvelles infrastructures, payer de nouveaux droits…).
Le coût d’un salarié à plein
temps étant estimé à 27 000 €/an, il sera nécessaire de financer au minimum
16 200 000 €.
Le numérique pourrait ainsi
coûter à l’ensemble des radios associatives entre 19 800 000 € et 31 200 000 €.
Pour répondre à cette question du financement, la CNRA
a demandé à la DDM
de mettre en place entre le CSA, ses services et celui du Ministère
de l’Industrie une commission qui
puisse rapidement rendre un avis éclairant sur le sujet. La DDM a répondu favorablement à
cette demande et devrait convoquer une première
séance de travail le 3 avril prochain.
I – b) Sur le financement du numérique :
Le financement
du passage au numérique ne pourra avoir qu’une
source publique pour les radios associatives. Les montants en jeu sont tels que nos radios ne
pourront trouver ces financements sur des fonds privés sans le risque de ne plus
être des radios associatives non commerciales.
Sur ce registre, deux
solutions s’offriraient à nous :
1. Saisir une opportunité de rédaction de loi sur la diffusion numérique de
l’audiovisuel pour prévoir la création d'un fonds dédié à cette opération pour nos
associations. Ce fonds ne pourrait être issu que du prélèvement d’une taxe
fiscale calquée sur les mécanismes du FSER. Imaginer un autre système
risquerait, à notre sens, de porter atteinte à l’existence même
du FSER actuel.
2. Dans le
même cadre législatif, obtenir une modification de l’actuel décret du FSER afin
que celui-ci puisse distribuer sur la base de nouvelles recettes des
aides dédiés à la « migration numérique ».
Dans les deux cas, il faudra
obtenir une modification de la loi de finance qui déterminera qui paye cette
taxe, dans quelle proportion et à quelle hauteur. Dans tosu les cas de figure, la question de la
modification du financement du FSER avec la disparition de la publicité sur le
service public restera posée.
II - Disparition de la publicité dans l’audiovisuel public, impact pour
le FSER et possible remède ?
Comme nous l'avons déjà signalé, la disparition de la publicité sur France Télévision risque effectivement de coûter environ 1,5 millions d'euros au FSER
en 2008 (Il y aurait déjà 150 Million d’Euros de baisse de recettes publicitaires pour le service public selon la commission Copé de ce 24 mars) et 7 Million d’Euros (sur 25
ME affectés au fonds) en 2009.
Pour trouver une compensation à cette perte, la CNRA
a alerté le Ministre de la
Communication. La CNRA a, pour le moment, été reçue par la DDM et devrait être très
prochainement reçue par la « commission Coppé » afin que ce problème
soit bien pris en compte dans les bouleversements envisagés.
Soyons
franc, à ce jour personne ne sait où se trouve la solution. Mais une
chose est certaine : en année pleine,
et à un horizon très proche,
ce n’est pas 7 millions d’Euros qu’il faudra
trouver mais bien entre 26,8 M€ et 38,2 M€ (intégrant le coût de la
nécessaire migration numérique). Ces chiffres sont rappelés sans intégrer
l’impact de la perte des emplois aidés estimé à 17 Millions d’Euros par an pour
notre secteur.
Il semble que
nous ne puissions pas trouver 30 M€ simplement en déplafonnant la taxe actuelle
qui alimente le FSER.
Pour
exemple, TF1 règle aujourd’hui une taxe de 7 ME par an au FSER. Si la taxe du
FSER était simplement déplafonnée TF1 (à recettes publicitaires égales)
réglerait alors une taxe de 21 M€ approximativement (Soit 14 M€ de plus
qu’aujourd’hui).
Par conséquent, le compte n’y sera pas.
Il va donc falloir réussir à
franchir plusieurs étapes :
1. Elargir le champ de la taxe à
d’autres supports utilisant désormais la ressource hertzienne et qui sont
devenus, au même titre que la « télévision traditionnelle», des
médias audiovisuel émettant à partir du territoire national (définition de
l’assiette de l’actuelle taxe permettant d’alimenter le FSER). Sur ce point, la CNRA
a commencé à bâtir un argumentaire qui autoriserait cette opération
sans nuire à la légitimité juridique de l’actuel FSER.
2. Recalculer à la hausse les barèmes de
taxation (taux et surtout plafond) des
contributeurs afin de profiter légitimement de l’effet d’aubaine dont
ils vont bénéficier avec la suppression de la publicité sur le service public.
3. Jouer sur les mécanismes budgétaire pour
assurer la phase transitoire de montée en puissance du nouveau dispositif. On évoque un ou plusieurs
abondements budgétaires dans la limite des règles fixées pour les CAS.
Comme on peut le costater, la
tâche est colossale, surtout dans la période actuelle, parce que ces dispositifs doivent
pouvoir être intégrés à la prochaine loi de Finance (2009) et donc rédigés avant
le début du mois de juin 2008.
Justice rendue en faveur de Radio Gazelle Après le processus de renouvellement des autorisations
commencé le 27 mars 2007 et qui s?est conclu par la disparition de Radio
Gazelle le 7 février dernier et son remplacement par France Maghreb. Les
responsables de Radio Gazelle, soutenus par 65.000 pétitionnaires et par la
plupart des élus de la cité phocéenne, ont formé un référé suspension devant le
Conseil d?Etat. Le juge des référés au Conseil d'Etat a reçu et entendu
contradictoirement les représentants de Radio Gazelle et ceux du Conseil
supérieur de l'audiovisuel (CSA). A l'issue de cette audience, estimant qu'il y avait
urgence, que Radio Gazelle était fondée à ester en justice, qu?il y avait un
doute sérieux quant à la légalité de la décision du CSA, notamment au regard de
l'article 29 de la loi du 30 septembre 1986 et sa partie concernant la part
significative de fréquences à réserver aux radios associatives, le Conseil
d'Etat a validé globalement la démarche des représentants de Radio Gazelle e t: 1/ ordonné la suspension de la décision du CSA rejetant la
candidature de Radio Gazelle 2/ demandé au CSA de réexaminer la candidature de Radio
Gazelle dans un délai de quinze jours à compter de la notification de
l?ordonnance. 3/ condamné le CSA à verser la somme de 2.000 euros à
Radio Gazelle au titre de l'article L761-1 du code de justice administrative. Radio Gazelle se prépare donc à retourner sur les ondes
marseillaises. CONTACTS Maïmouna Ndiaye, chargée des relations avec la presse : 06
68 77 79 91 Jacques Soncin, porte-parole du Comité de soutien : 06 08
24 57 76 Guy Brun, président de Radio Gazelle : 04 91 91 48 13
Franc–CP et FSER La Franc–CP a amélioré son dispositif de soutien de l’an dernier pour
les dossiers du FSER au profit de ses radios. Comme plusieurs fédérations,
elle envoyait l'an dernier à chaque radio une lettre attestant des échanges d’émissions de
sa région, ou d’actions collectives dans le cadre des conventions Région-Franc-CP. Cette lettre était à joindre au dossier FSER.
Cette année, La fédération
a demandé aux radios : a/ dans un premier temps le
listing des opérations menées dans le cadre des échanges, de la mutualisation,
du type d’émissions ou d’actions menées en région Poitou-Charentes en 2007 sur
les critères de l’aide sélective. b/
dans un second temps la
fédération a analysé les points d’aides sélectives de chacune des
radios en
2007 et les a comparés au listing des émissions déjà fournies l'an
dernier. Il a été constaté des faiblesses dans les documents
destinés à la
commission, d’oublis ou de non fourniture de documents sur des
opérations réellement
menées (par exemple une radio scolaire ne donnait pas d’information sur
ses
actions éducatives, ou plusieurs radio travaillant sur des critères de
promotion de la formation et de l’emploi ou de l'environnement n’en
faisaient pas état, ce qui leur
enlevait des points). La synthèse de cette liste
a été renvoyée aux radios pour leur permettre de compléter leurs dossiers en la
joignant à la lettre fédérale d’attestation. Chaque point gagné par une
radio ayant une subvention principale de l'ordre de 40 000 euros était
quand même cette année de l'ordre de 1400 euros !
Au secours, mai 68 revient....
RADIO LARZAC nous informe de sa présélection par le CSA sur les zones de Millau
et la
Couvertoirade.
Elle remercie la
FRANC-MP, la
FRANC-LR et Radio Saint Affrique qui l'ont soutenue dans sa
candidature.
Une Assemblée Générale des adhérents et sympathisants sera organisée le 30 mars
à 14h à la Jasse
du Larzac.
Campagne de défense du FSER Comme la FRANC-MP, la FRANC-CP a mené ces jours
derniers la mise en place d’une campagne de sensibilisation du public et des
élus sur les réductions possibles du FSER en raison de la disparition de la
publicité sur le service public. Elle a fait parvenir à ses radios une lettre-type de question écrite au gouvernement à envoyer aux élus de la région; et la presse régionale a commencé à faire état de ce problème :

La télévision régionale a consacré un 6 minutes du
journal régional le mardi 25 mars à ce sujet. Sans vouloir considérer que les radios associatives
sont instrumentalisées par la télévision publique au profit de ses intérêts
propres, ces opérations sont suffisamment peu courantes pour la promotion du
secteur et il est vivement suggèré aux autres fédérations de profiter de la situation.
International
Radio TABALE à Bamako
(Mali) vient d'être retenue pour bénéficier du soutien de la Coopération française
dans le cadre du Plan Radio Afrique.
TABALE fait partie des radios engagées depuis 2001 dans les jumelages entre
radios associatives françaises et radios communautaires francophones d'Afrique
de l'ouest, organisés par la CNRA
avec le soutien initial du Ministère des Affaires Etrangères.
L'engagement durable et sans faille de son directeur, Mr Tiémoko Koné, a été un
des éléments clefs de la réussite que constitue le partenariat entre sa radio
et Divergence FM à Montpellier.
La CNRA compte
vivement sur son témoignage, aux côtés de nos confrères de l'Alliance des
Radios Communautaires du Canada, lors de son prochain Congrès annuel à
Montpellier du 13 au 14 juin prochain.
Nécrologie
Richard
Senghor, Président du Conseil d’Administration du GIP EPRA - Echanges
et productions radiophoniques - et le personnel de l’EPRA ont la grande
tristesse de vous faire part du décès de
Tshiteya Mbiye, directeur de l’EPRA Survenu le vendredi 14 mars 2008 à Paris
Ceux qui l'ont connu, qui ont été ses collaborateurs, ses partenaires et ses
amis, ont pu le saluer une dernière fois, lors d’une cérémonie d’adieu à la Coupole
du crématorium du Père-Lachaise samedi dernier.
|